Université du Québec à Trois-Rivières

Danyelle Garcia: Arrêter pour mieux repartir

Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire (JPS), du 13 au 17 février, les Services aux étudiants (SAE) soulignent le parcours d’étudiants s’étant démarqués par leur persévérance. Nous vous présentons aujourd’hui le témoignage de Danyelle Garcia, immigrante brésilienne et finissante à la maîtrise en ergothérapie.

Danyelle Garcia (au centre), entourée à gauche de Pierre-Yves Therriault (directeur du Département d’ergothérapie) et à droite de Claire Dumont (directrice du comité de programme de cycles supérieurs d’ergothérapie)

Voici un résumé du parcours de Danyelle avant son entrée à l’UQTR:

  • Dentiste au Brésil pendant 13 ans, les normes sont différentes au Québec et les programmes de médecine dentaire sont très contingentés, donc elle ne peut exercer sa profession ici.
  • Elle commence les cours de francisation obligatoires et déniche un emploi de technicienne dans une clinique d’orthodontie (elle y développera son français parlé).
  • Après trois ans, elle retourne au Brésil s’occuper de sa mère malade.
  • S’ensuit un questionnement entre rester au Brésil ou revenir au Québec. Conclusion : demeurer au Québec, mais obtenir un diplôme.
  • Elle fait un cours à la maîtrise en santé communautaire à l’Université Laval, mais se renseigne et apprend qu’un diplôme de 2e cycle n’est pas garant d’un emploi, alors elle enclenche un processus d’orientation.
  • Six mois plus tard, les discussions avec l’orienteur et les résultats d’une série de tests vocationnels font nettement ressortir la branche de la santé.
  • À la suite d’une demi-journée d’observation en ergothérapie, elle tombe amoureuse de cette profession et s’inscrit au baccalauréat à l’UQTR (à l’âge de 40 ans).

Elle choisit donc de quitter son travail de technicienne pour se consacrer aux études. La première et plus importante difficulté qu’elle rencontre se situe au niveau du français écrit. Dans son emploi à la clinique d’orthodontie, elle n’avait presque rien à écrire, alors elle n’avait pas l’occasion de pratiquer. Quand les stages commencent, la rédaction de rapports écrits s’ensuit et ses difficultés sont telles qu’elle échoue son premier stage.

La deuxième difficulté rencontrée est de s’adapter à la jeunesse, surtout à la rapidité de ses collègues de classe (toutes des filles). Toutes ont Facebook, font tout sur leur cellulaire, pratiquent le multitâches de manière accélérée… C’est un défi de taille, car Danyelle peut faire trois choses en même temps, mais les autres paraissent en faire 50, donc elle se sent dépassée.

Sa troisième difficulté est de s’adapter à la culture québécoise en termes de rapports avec les autres : «Nous, les latinos, on touche beaucoup les gens, on est plus physiques et au Québec c’est plus loin.» Elle raconte qu’une fois, en stage, elle a touché l’épaule d’un client, mais sa superviseure lui a dit qu’il était préférable de ne pas le faire. Elle devra donc modifier son approche.

Tandis qu’elle chemine jusqu’à son 2e stage (dans un milieu spécialisé en santé mentale), elle éprouve plusieurs difficultés et se questionne sur son parcours. Elle consulte une psychologue (pour son stress) et une neuropsychologue (pour un dépistage de trouble déficitaire de l’attention). Elle consulte aussi un médecin qui lui trouve un nodule au sein (le nuage noir du cancer)… À l’époque, elle ne dit rien de ses difficultés aux responsables de son programme, car elle a peur d’être considérée négativement. Finissant par échouer ce fameux 2e stage, elle se dit que tout va trop vite et qu’elle n’est pas venue au Québec pour tomber malade, alors elle juge préférable de suspendre ses études, de retourner au Brésil auprès de sa famille et de vérifier ce qu’il en est. Là-bas, un médecin lui confirme la présence d’un nodule malin… Heureusement, comme il est détecté très tôt, il est opérable, pas besoin de radiothérapie… Après un an, toute trace de cancer est éloignée et elle reprend ses études à l’UQTR, là où elle les avait laissées.

Quand elle revient avec la 2e cohorte, la dynamique est meilleure. «Ma grande fierté à l’université est cette capacité d’avoir créé un très bon lien avec le groupe malgré mon âge et la grande contribution que ces filles ont eue pour que je puisse réussir. J’ai eu beaucoup d’encouragements et de reconnaissance. Le diplôme pour moi c’est une conséquence.»

Au niveau social, elle a aussi deux bonnes amies québécoises qui lui changent les idées et elle fait désormais partie de leurs familles. Chaque jour, elle discute avec sa famille au Brésil, ce qui lui permet de parler portugais et d’endurer les mauvaises périodes, mais pour ne pas trop les inquiéter elle consulte un psychologue. Cette fois, elle n’hésite pas à demander l’aide de son département et découvre que sa crainte d’être considérée négativement est infondée puisque tous se montrent ouverts et prêts à l’aider.

Elle exprime sa détermination de cette façon: «les études ont beaucoup de valeur pour moi, alors avoir un diplôme d’études canadien c’est ça qui m’a motivée. J’avais en tête “Je veux mon diplôme!” Si je restais ou si je quittais le Québec, je voulais partir avec quelque chose de concret. Pour moi, avoir un diplôme représentait beaucoup. C’était ma source majeure de motivation.» C’est ainsi qu’elle développe plusieurs stratégies pour réussir :

  • Participer aux ateliers des Services aux étudiants (notamment sur la lecture et la prise de notes) et utiliser toutes les ressources du Centre d’aide en français. Elle s’y rend et demande: «Qu’est-ce que vous pouvez m’offrir? Je prends tout!»
  • S’organiser en se fixant des objectifs à atteindre au quotidien et en ayant un portrait général de sa semaine afin de prioriser les tâches essentielles.
  • Se détendre en pratiquant la natation: «Malgré mon anxiété pour tout arriver à faire à temps, je prenais le temps de faire un peu d’activité physique. J’allais au CAPS tous les matins à 6h pour faire de la natation, même l’hiver, avec ou sans tempête, c’était comme religieux.»
  • Lire avant ses cours pour se familiarises avec le contenu qui sera abordé.

«Pour moi la persévérance c’est de focaliser sur quelque chose et de donner ton 90 %, je ne pense pas que ce soit possible de donner son 100%. Ce n’est pas de faire tout seul, non c’est pas possible! Pour persévérer, il faut être outillé des gens et aussi de ce qu’ils peuvent nous offrir de concret, de réel. Pour réussir, tu as besoin d’entendre les autres, de prendre du recul et accepter de l’aide. Il faut focuser et avoir un objectif, des fois plusieurs, mais très réalistes, se demander de quoi on a besoin et aller le chercher, mettre son orgueil de côté.»

Tous ses efforts ont porté fruit, car Danyelle a réussi son bac et est sur le point d’être diplômée d’une maîtrise en ergothérapie. De décembre 2016 à la mi-février 2017, elle a retrouvé sa famille au Brésil où elle a fait le plein de chaleur. Avec l’aide de Marie-Ève Perron, conseillère en information professionnelle aux Services aux étudiants, elle a trouvé un emploi au Centre régional de santé et de services sociaux de la Baie James, dans la ville de Matagami, avec tous les types de clientèles puisqu’elle veut d’abord avoir une expérience générale. À long terme, elle aimerait beaucoup travailler en santé communautaire: «C’est quelque chose pour quoi j’ai beaucoup d’intérêt!»

Nous te souhaitons tout le meilleur Danyelle. Avec ton sourire contagieux et ton souci pour les autres, tu seras certainement une ergothérapeute incroyable! #JPS2017

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