Auteur : Olivier René, conseiller d’orientation professionnelle aux Services aux étudiants de l’UQTR
Voici la seconde partie d’un article paru en octobre 2024 qui expose les « zones d’ombre » liées aux démarches en orientation et quelques pistes pour les éclairer.
Une « zone d’ombre » évoque donc l’idée de ce qui n’est pas assez éclairé, ce qui manque de lumière ou encore ce qui peut apparaitre flou pour une personne. Ces différents aspects peuvent ralentir le rythme de la démarche, biaiser la compréhension d’une situation ou encore nuire aux réflexions sur soi.
03_Les pensées magiques
Tout le monde aimerait que les solutions à ses problèmes apparaissent spontanément ou encore que les doutes ou les anxiétés se dissipent comme par magie. Les pensées magiques réfèrent à un mode de pensée qui évacue certains aspects d’une situation pour ne conserver que ce qui n’est pas confrontant. La plupart des formes de pensées magiques (et les comportements qui les accompagnent) observées en orientation semblent avoir une fonction d’apaisement (réduire le stress, autoréguler l’anxiété) ou d’évitement (ne pas fournir l’effort pour…, ne pas réfléchir à…, ne pas considérer certains éléments importants de…).
Les pensées magiques deviennent nuisibles lorsqu’elles alimentent la procrastination (reporter à plus tard, ne pas faire maintenant), qu’elles empêchent le développement d’une vision ajustée de sa situation ou encore qu’elles amènent une trop grande assurance ou confiance en soi.
Quelques exemples :
« Pas besoin de plan B, je suis certain d’être accepté dans mon programme. »
« Peut-être que si j’arrête d’y penser, ça va se régler tout seul… »
« Ça ne me sert à rien de me préparer à l’avance, je réussis mieux quand j’étudie la nuit avant l’examen. »
« Je vais déposer une demande d’admission, même si je ne remplis pas toutes les exigences en espérant être admis, on ne sait jamais… »
« Après mon bacc, je vais trouver un emploi sans faire d’effort… »
Éclairage/lumière :
Face à la pensée magique, le fait de se heurter aux facteurs de réalité est bien souvent une manière brusque de réaliser qu’il s’agissait de pensées ou de comportements non rationnels. Durant les études universitaires, l’utilisation de différentes stratégies d’études efficaces, une planification adéquate du parcours de formation ainsi que la validation (et contre validation) des critères et exigences de programmes s’avèrent de bons moyens pour rationaliser les pensées magiques.
04_Les faux espoirs
Les faux espoirs reposent surtout sur des attentes qui ne sont pas réalistes ou qui ne sont pas fondées et qui concernent ce qui pourrait arriver dans le futur. Ces attentes sont motivées et alimentées par un grand désir que la situation attendue se présente enfin. Les faux espoirs apparaissent notamment lorsque les ambitions (personnelles ou professionnelles) surpassent les possibilités qu’offre la réalité. Durant les études universitaires, entretenir de faux espoirs sur ses aptitudes académiques, sur ses chances d’admission dans un programme contingenté ou encore sur ses perspectives professionnelles risque de générer de la déception et mener à de l’épuisement.
En orientation, il est fréquent de voir des étudiant.es entretenir de faux espoirs et fournir énormément d’efforts face à une situation espérée (être admis dans un programme, espérer réussir un examen difficile, améliorer sa situation d’une manière ou d’une autre). Toutefois, entretenir des attentes irréalistes peut amener la personne dans une position d’acharnement face à une situation ou face à soi-même.
Il peut également arriver que les attentes envers l’étudiant.e (pression de l’entourage, des membres de la famille, des ami.es) ne soient pas réalistes au regard de leur parcours d’études. Les espoirs sont donc alimentés de l’extérieur et empêchent la personne de bien réfléchir pour elle-même.
Quelques exemples :
« Je vais m’essayer tant que je ne serais pas admis. »
« Je sais que je mérite ma place dans le programme. »
« Ça a l’air que y’a une fille qui a réussi à se faire reconnaitre tels cours à l’Université Laval ! »
« Même si ce n’est pas dans les conditions d’admission, si j’écris une lettre de motivation, ça va démontrer que je veux vraiment. »
« Dans ma famille, on est tous allés en finance, c’est donc certains que je vais réussir là-dedans. »
Éclairage/lumière :
Les faux espoirs face à une situation ou face à soi-même peuvent être abordés par le développement d’une lecture claire et réaliste de sa propre situation et de ses possibilités. Pour ce faire, il est souhaitable de réfléchir sur soi pour apprendre à se connaitre (explorer ses intérêts, expérimenter ses aptitudes, identifier ses valeurs, valider ses croyances) et procéder à un travail d’identification et d’analyse des options envisagées et accessibles selon sa situation. Il se peut également qu’une option désirée s’avère inaccessible et que le processus du renoncement (position de détachement, d’abandon et d’acceptation face à une situation) soit une étape à vivre pour considérer d’autres options.
Pour mettre en lumière ses « zones d’ombres » et cheminer face à celles-ci, il peut être profitable, voire nécessaire, d’être accompagné dans ses réflexions par une personne professionnelle de l’orientation membre de l’Ordre professionnel des conseillers et conseillères d’orientation du Québec (OCCOQ).
Pour information sur le Service d’aide en orientation des Services aux étudiants (SAE) de l’UQTR. Pour prendre rendez-vous en orientation : 819 376-5011, poste 6055 ou service.orientation@uqtr.ca
Références :
Aubert, N. (2003). Le culte de l’urgence, la société malade du temps. Paris : Flammarion.
Dionne, F., Gagnon, J., et Raymond., G. (2020). Déjouer la procrastination pour réussir et survivre à vos études : une méthode scientifique basée sur l’approche d’acceptation et d’engagement (ACT). Les Presses de l’Université du Québec (PUQ).
Falardeau, I. (2017). Le piège de la persévérance, Québec, Septembre éditeur.
Falardeau, I. (2007). Sortir de l’indécision, Québec, Septembre éditeur.
Service de psychologie et d’orientation de l’Université de Sherbrooke (2021). La prise de décision. Université de Sherbrooke.